Dit comme ça, c’est pas grand-chose mais ce premier vol bivouac a nécessité finalement une bonne dose de préparation et ça tombe bien parce que j’aime mûrir mes plans avant l’action.
Donc le WE dernier je pars avec mon matos direction Courtet dans le massif du Trièves. Durant toute la route c'est la purée de pois et je suis inquiet pour la suite : Météociel avait pourtant annoncé du ciel bleu ! Trois deltistes allemands sont déjà sur site et me proposent de monter mon matos (moi je monte à pieds en une heure) d’autant plus intéressant que l’ensemble pèse 22 kilos : sellette, voile, secours, casque, nourriture et eau, TARP, sac de couchage, frontale, bâtons de marche 4 brins, etc…
Je décolle vers 16 heures et prends suffisamment de gain pour me diriger vers le Châtel à près de 2000 mètres d’altitude. J’évite les patous qui m’aboient dessus mais je suis à plus de 200 mètres d’eux, en tous cas les moutons ont l’air tranquilles grâce à eux, il y a peut-être plus de 300 moutons ! Mon objectif pour aujourd’hui est de poser au sommet afin de bivouaquer tranquille dans la montagne.
Posé en douceur sur ce dôme herbeux gigantesque, je me desharnache et tombe, de manière improbable, sur un iPhone posé dans l’herbe sèche. Sans doute un randonneur lors de son pique-nique…
Puis recherche du meilleur coin pour le couchage et en particulier je veux voir le soleil se lever demain matin, celui-ci sera en effet assez magique. Le TARP qu’on m’a prêté s’avère difficile à installer mais je m’en sors en veillant bien au sens du vent. Enfin la nuit arrive, seul dans ma montagne je suis heureux. Dans mes écouteurs la chanson commence, j’ai choisi FAUVE « les hautes lumières »…
Pieds nus je parcours au petit matin la lande et rencontre deux randonneuses : discussion de choses et d’autres, je leur explique que par hasard j’ai trouvé un iPhone et que je pense le rapporter à la gendarmerie de Mens : l’une d’elle me réponds : « je suis gendarme à Mens et je prends mon service à 14 heures ce dimanche !! » Je lui laisse l’objet en espérant que son propriétaire sera ravi de le revoir.
Le matos de vol est rechargé, les rapaces sont aux taquets et je reprends mon envol direction le SUD. L’Obiou est un peu sous les nuages mais plus loin tout se dégage et je dépasse les 3000 mètres d’altitude, tout est minéral à perte de vue, je suis comblé. Il m’aurait été facile de rallier GAP comme je l’avais déjà fait (mais dans l’autre sens) mais là cela aurait été une autre histoire et de toutes façons je n’avais plus d’eau, plus de nourriture et je devais travailler le lendemain…
Plané final donc et retour tranquille avec un posé à 10 mètres de ma voiture, j’ai réussi mon petit pari, magie du parapente...
Rico
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20332064