Reprendre le chemin du déco après une période de confinement a déjà qq chose d’excitant
Pour vous j’sais pas, mais pour moi, ça l’était, pas moins qu’à mon premier baiser sur la bouche
 
Beaucoup de mines dubitatives au déco sud de St hil, une épaisse masse nuageuse enveloppe les hauts reliefs
 
Quel va être le plan du jour ?
 
Les lames les plus fines décollent, elles « tiennent », d’autres, moins affûtées décollent à leur tour, tiennent également
 
L’heure des gueux a sonné
 
Je décolle et prend le métro destination ST Eynard
 
Ça avance sans vraiment monter, quelques allers et retour du côté des antennes pour prendre un peu de gaz avant l’arrivée au manival à une altitude qui le fait bien pour la suite
 
Traversée de la combe du même nom puis cheminement pépère jusqu’au fort.
 
Je tourne alors un peu en rond pour tenter de repérer des têtes connues
 
Ah ! Une voile un peu kaki devant, jaune derrière, ou le contraire, une sorte de Z noir sur l’extrado façon Zorro
J’ai déjà vu cette voile, c’est un TP !
 
D’un pas, où plutôt d’une envolée décidée, il prend la direction « chartreuse centre »
 
Enfin un pilote qui a un plan !
 
En quête de découvertes et de sensations et en mal d’idées, je le suis tant bien que mal
 
Transition vers l’ouest nord ouest, mon leader est rapide, il me distance
 
Puis premier combat pour refaire du gaz
 
Je me bats, m’applique, je m’applique tant et si bien que je me cogne le nuage, pas grave, suis seul, et ma boussole ne perd pas le nord, je grimpe jusqu’à plus soif puis m’aligne sur le nord de ma boussole.
 
Après la bagarre, je réalise que je n’ai plus du tout mon leader en visu
 
Pas grave, suis entré en chartreuse, j’ai du gaz, j’y suis, j’y reste
 
Je vois au loin 2 voiles
 
Je me dis que c’est la bas que ça se passe
 
Nord- Nord Ouest plein gaz
 
Mais à fond avec une B, je me retrouve vite seul, les voiles au loin ont disparu à leur tour de mon champs de vision
 
Je vais alors caboter de sommet en sommet, longer une verte vallée, passer qq villages, probablement St Pierre de chartreuse dans le lot
 
Poussant vers le Nord, j’arrive bas sur un petit relief bien garni en forêts, aïe aïe aïe
 
Je repère une voile volant très bas vers le sud, probablement 3 moteurs sur 4 en carafe, à la recherche d’un carré de verdure pour poser
 
Mon destin va ressembler au sien me dis je, lorsqu’un rapace passe plein gaz au dessus de mon extrado, puis amorce un virage à gauche façon : « viens ptit gars j’vais t’montrer »
Je ne réfléchis pas plus d’un quart de seconde et je vire à gauche
Il a compris que j’étais un gros lourdingue, il a ralenti, puis enroule le sésame du coin, me délivrant d’un poids certain, me voilà relancé
 
Merci le volatile !
 
Je continue mon envolée sauvage en solitaire vers le nord et ... mirage ou pas ?
Je vois apparaître un ensemble architectural que j’avais déjà vu sur des cartes postales : « la grande chartreuse »
 
Là j’oublie que je pilote une voile, séquence émotion : je n’ai plus d’yeux que pour cet ensemble de bâtiments venu d’ailleurs
 
Il passe doucement sous mes pieds légèrement sur la gauche, je remobilise ensuite mes neurones sur le vol
 
Le granier est en visu sur la droite, je sens que le massif de l’épine n’est plus très loin sur ma gauche
 
Barre à tribord capitaine et j’atteins un relief duquel je reconnais au loin un relief connu pour l’avoir fréquenté nombre de fois depuis Aiguebelette
 
Le Beauvoir
 
J’atteins un petit sommet du nom de la clochette, appellation qui me sera indiquée plus tard par un pilote local, fais un peu de gaz et transite vers le Beauvoir
 
Aïe aïe aïe
 
Suis rentré dans l’arène sur le dos d’une vachette
 
Je me fais démolir
 
Ma voile éructe, m’insulte, m’exulte : barre toi !!!
 
Passer le Beauvoir pour se retrouver tranquilou sur les faces ouest de L’épine m’apparaît aussi inaccessible que remporter la ligue des champions pour le PSG.
 
Cap au sud, il y a des champs près « des échelles » où tu pourras sans doute éviter le pire me dis je, la peur s’invite
 
Ça descend vertigineux, ça sent mauvais, un pilote plie là devant, je me sens moins seul , ça va mieux
 
Je fais demi tour pour poser face au Nord, et sors tôt de la sellette prêt à faire un roulé boulé façon 2ème REP
 
Un bout d’aile ferme pas très loin du sol, ça pose enfin, pas tout à fait comme dans les livres, ça fait du bien de sentir le dur sous les pieds
 
Pliage, coucou aux retraités-randonneurs de passage dans le coin, l’œil goguenard, puis marche jusqu’aux « échelles » où par expérience je sais pouvoir rejoindre en auto stop sans difficultés l’attero d’aiguebelette
 
44 petits kilomètres, mais un gros lot d’émotions, une navigation en solitaire, une rencontre de 3ème type avec un volatile aussi généreux et prévenant que l’abbé pierre, et une vue du ciel imprenable de la grande chartreuse
 
Un bon vol
 
Hervé