Notre pote David nous glisse régulièrement le sujet dans l’oreille depuis plus d’un an… « Allez, on s’inscrit ensemble au monitorat fédéral, ça va être chouette, on va apprendre plein de trucs et ce sera utile pour le club Tassin Parapente et celui du Bataillon des Chasseurs Alpins… »

 

En janvier, dès l’ouverture des formations, petit message de David : « Pensez à faire vos dossiers et votre inscription… »

 

Entre deux sessions de ski, on s’attèle au sujet : « Projet pédagogique » / « Expérience en enseignement » / « Pratique du vol libre ».... En termes de pré-requis, il faut forcément les qualifications d’accompagnateur fédéral, d’animateur fédéral et biplace. Franck et David ont l’ensemble de ces qualifications. De mon côté, il me manque la QBI. En ce début 2024, en ayant déjà validé la préformation, je me dis que j’ai sans doute le temps de la passer: la formation du monitorat de 12 jours n’a lieu que début juillet dans les Pyrénées, à Val Louron (histoire de bien aller de l’autre côté de la France, une nouvelle fois…).

 

Nos 3 dossiers sont acceptés : Franck, David et moi gribouillons donc nos agendas pour la période du 2 au 13 juillet dans cette vallée pyrénéenne que je ne connais pas.

 

Seul hic avant le départ : ma formation biplace a été annulée cause météo printanière ultra pluvieuse. J’ai pu retrouver une formation de 6 jours début juin, mais ce sera trop court pour faire des vols en tant qu’aspirant et surtout passer l’examen final. La FFVL m’accorde une dérogation. Ouf !

 

Val Louron… Déjà, sur la carte, je ne sais pas situer… Je n’ai entendu parler que du fameux festival « PLAF ».

Le trajet est long, mais les paysages sont magnifiques… On traverse toute la France en diagonale, et on a une petite pensée pour Hervé qui vient de se faire tout ce chemin à pied en direction de Saint Jacques de Compostelle. En camping-car, on se donne 2 jours pour arriver tranquillement, alors que David a mis le turbo en 8h de route sur une journée.

 

A l’arrivée, c’est « Gorilles dans la brume », dixit David. Bien humide, plafond bas, pas de visibilité sur les montagnes alentours… D’autres pensent qu’on est en Ecosse (« Tiens, je ne savais pas que vous visitiez le Loch Ness », merci Pascal…). Mais le lieu est charmant : petite station de montagne en altitude qui doit être très accueillante sous le soleil. Un joli lac, un petit château et un atterro immense, le truc de rêve !

 

On s’organise côté logistique… Et dès 8h45 le 2 juillet, nous voici embarqués dans le tunnel de 12 jours de formation intense, intéressante, parfois stressante, qui bouscule certaines croyances, met à jour des évolutions dans la pratique du vol libre, nous demande de nous adapter en fonction des circonstances, du niveau des pilotes…

La formation se décompose en trois gros blocs de journées, encadrés par trois diplômés d’Etat : Laurent Chamerat (responsable formation à la FFVL), Jean Paul Couzinet et Emilie Pace :

  • 4 jours entre les 12 apprentis moniteurs,
  • 4 jours avec de véritables stagiaires, qui ont entre 1 et 10 vols
  • 4 jours finaux pour en remettre une couche de théorique et de pratique, si on n’en avait pas assez

 

Au programme :

  • Des points météo quotidiens, avec les données de base (et pas nos « pseudos météo déjà digérées » nous dira Jean-Paul). Déjà là, on n’est pas bons, mais au moins on apprend… Et heureusement que Daniel nous fait tous les ans la formation à l’émagramme, on a l’air un peu moins bêtes… Je repars avec cette approche structurée pour l’analyse, j’en suis plutôt contente.
  • Des vols avec guidage, en étant tour à tour « stagiaire » et « moniteur », et surtout « démonstratifs » dans notre gestuelle, un mot clef de cette formation. Ouverture des vols, gestion du décollage, organisation de la radio entre moniteurs au décollage et à l’atterrissage, guidage d’exercices de tangage, guidage de la perte d’altitude et de l’atterrissage. Tout est décortiqué : les mots, leur ordre, le timing (souvent trop tard), le ton de la voix, la position physique sur l’atterrissage, au décollage, les différentes phases d’entrée en vent arrière, en étape de base, les « S » de correction, le freinage final… On se cale, progressivement, avant de le faire avec de vrais stagiaires.
  • Des préparations de cours théoriques de niveau vert, pour alimenter nos longues soirées d’été… puis passage en direct live, avec retour sur la forme et le fond de notre message, en fonction du niveau ciblé.
  • Des préparations de séances de terrain : la pente école, avec le cadre de pratique et la sécurité, la gestion du portique, la gestion des palettes en cas de panne radio, l’explication des exercices, les pré-requis pour les différentes phases de la formation.
  • Les fameux 4 jours avec de « vrais élèves » : comme la météo était mitigée, nous avons dû composer pour permettre le plus possible de temps à l’extérieur. Au final, nous avons pu réaliser une grosse séance de pente école, quatre vols pour eux et pas mal de cheveux blancs supplémentaires pour moi avec un décollage de stagiaires pas toujours académiques… (ceux qui n’ont plus de cheveux ne sont pas concernés par ce sujet… ;)).
  • Quelques apports théoriques sur le fonctionnement du cerveau, les espaces aériens, les rafales & les vecteurs, les émagrammes.
  • Bien entendu le cadrage fédéral de tout cela, avec les prérogatives des moniteurs fédéraux !
  • Un petit examen théorique, le dernier jour, histoire de nous achever : et hop, deux petites questions techniques sur le gradient et l’instabilité
  • Le leitmotiv : gérer le temps, le groupe, l’espace… et la sécurité !... et ne pas aller trop vite dans les apprentissages.

 

Le tout a été parsemé de moments conviviaux aux bars / restaurants de la station : certains typiques, d’autres plus commerciaux ; de quelques vols « plaisir » même s’ils ont été un peu courts à mon goût ; de découvertes d’autres pilotes de tous horizons (Alsace, La Rochelle, Occitanie, Alpes du Nord) et de toutes pratiques (clubs-écoles, vols sur site, accro, cross, soaring) ; de questionnements sur notre pratique du vol libre et notre implication dans l’associatif.

 

On repart vite avant l’arrivée du Tour de France dans la vallée… avec quelques UC validées, des pistes de travail pour chacun suite à l’entretien individuel, 20 jours minimum de stage pratique et un examen final avec un rapport de stage à rédiger, présenter, et une question pratique à travailler le jour même et restituer. Bon, on a le temps… 3 ans…

 

En étant honnêtes, on finit ces 12 jours heureux mais rincés. Il faudra digérer tout ce contenu…

 

Merci à David pour nous avoir motivés pour cette formation, de nous ouvrir des perspectives enthousiasmantes via le BCA et de toujours trouver des solutions à tout… Jamais de problème… C’est ultra confortable…
Merci à Franck d’avoir su gérer le groupe et la sérénité collective… avec l’efficacité qu’on te reconnait…

 

Le mot d’ordre : « On s’adapte » (N’hésitez pas à regarder le film « Le sens de la fête », si vous voulez comprendre les private joke de David&Franck)

 

A titre perso, après 6 jours de formation biplace et 12 jours de formation monitorat en moins d’1,5 mois, j’aspire à quelques vols de pur plaisir, sans autre objectif que de me balader dans les airs et regarder les oiseaux…

 

A bientôt en vol !

 

Hélène