Récit vol du 1er août

Après de multiples analyses météo contradictoires et le désistement de dernière minute d’une de nos têtes d’affiche pour cause de gueule de bois de catégorie C ; nous nous retrouvons à Lumbin Dan, le Grizzly et votre serviteur.

Tout à l’air bien stable et nous montons en bus sans de grandes ambitions pour arriver à St Hil vers midi.

Nous laissons partir les fusibles en grignotant et Le Grizzly s’aperçoit qu’il a oublié : ses gants, son vario, son casque, sa radio et son doudou. J’ai toujours un bipbip en rab dans le sac pour dépanner les potes, mais la manque de bol après un récent réagencement je ne l’ai pas.

Dès 12h30 des voiles filent vers Manival à des altitudes gérables.

Nous décollons à 13h, nous aurions dû décoller 20mn plus tôt à mon avis.

La branche du déco au Rachais est une formalité, en 30mn je passe le St Eynard et je me dit que si ma trace est analysée par intelligence artificielle elle sera automatiquement classées dans la discipline paramoteur. J’ai juste fait 3 tours par habitude dans le thermique devant Manival.

Le cheminement le long de la crète jusqu’au St Eynard est simple, mais il faut avoir l’estomac bien accroché. Au retour je me prends une formidable asymétrique au milieu de rien, juste des thermiques qui pètent à droite à gauche. Arrivé au Bec Charvet à 1800 je me dis que le reste sera une formalité. Et bien non.

Impossible de passer au-dessus de la dent, cheminement le long du relief, je tente quelques thermiques mollassons qui ne permettent pas de s’extraire. Ce n’est qu’à mi-parcours que j’arrive enfin à passer la tête au-dessus.

S’engage alors un slalom géant en 3D entre des nuages tous plus impressionnants et actifs les uns que les autres. Il faut bien calculer les trajectoires, se faire aspirer mais pas trop. C’est la première fois que je me retrouve à enrouler au-dessus d’un cumulus. J’ai pas tout compris.

Heureusement il y a juste ce qu’il faut de voiles en l’air pour baliser le cheminement sans qu’on se gêne.

Bon pour la suite, Granier, Saint Génis, Crêt du Poulet. Ce qui est étrange c’est qu’il arrive fréquemment vers le crêt du poulet d’enrouler un bon thermique qui ne soit pas coiffé par un nuage alors qu’il y a des cumulus de partout. Du coup on se voit monter à côté d’un cum en le longeant verticalement.

Arrivé au Sept Laux reprise des cheminements classiques au ras des gros cum. Passé le Grand Replomb je tombe sur une zone où il me semble que ça devrait monter, vue la topographie et la nébulosité mais rien, un -0,5 sur une longue branche. Je me dis qu’à force de charger la couche a tué toute la convection. À ce moment de mes réflexions et alors que je viens de dépasser l’arête du Grand Colon je prends un formidable coup de pied au cul et le vario se met à hurler. J’enroule dans le stress et pour la première fois de ma vie, et peut-être la dernière, je vois mon vario afficher un taux de montée à 2 chiffres.

Je prends le gaz et je file à la Croix de Chamrousse. Là j’arrive un peu en-dessous et je ne trouve pas grand-chose. J’enroule 10mn dans du 0,2 pour gratter 100m. Ce vol nécessite vraiment de basculer très rapidement par toutes les configurations de vols :  thermiques bleues, soaring, vols au nuage, boulets de canons, survivalisme au-dessus des pets de Castor.

Au niveau du déco de Chamrousse je suis à finesse 6,7 de la prairie à 200m de chez moi, mais bon, la voiture est à Lumbin et j’aimerais bien boucler ce vol.

Remontée donc vers le Nord, face au vent, avec la masse d’air qui se voile. Des nuages noirs au-dessus, les thermiques se font rares et dolents. On distingue à peine la chartreuse à travers le voile qui s’installe en vallée du Grésivaudan et sur St Hil. Depuis le Grand Replomb je cherche un moment avant de parvenir à reconnaitre la balafre du funiculaire. Une fois fait, je me lance dans un plané final de 20mn qui me paraît ultra confort. Mais le Nord est de plus en plus fort au fur et à mesure que l’on descend et finalement je me pose à Lumbin sans faire un virage.

Je fini avec une pensée émue pour le Grizzly qui a décollé à l’ancienne, avec sa bite et son couteau, et Ivon qui après avoir pris de l’aspirine toute la journée suite à sa cuite d’hier, devra en faire autant demain pour soigner la cuite qu’il prendra ce soir pour noyer le chagrin du vol qu’il aurait pu faire aujourd’hui.

À la déclaration de mon vol la CFD me propose un FAI de 107 points qui néglige avec le plus profond mépris ma branche jusqu’à Chamrousse. Je choisi une déclaration manuelle pour déclarer un 102 points en distance libre beaucoup plus classe. 

Gillou