La météo de ces derniers temps met notre moral et notre analyse à rude épreuve…
Quand aura-t-on une vraie bonne journée, classique, sans sur-développement nuageux et risque d’orages ?
Après un vol sur Saint Hilaire le 6 juin avec les 2 Franck, nous décidons d’aller voler le lendemain au Serpaton : pour changer, parce qu’on aime bien ce joli décollage dans le Vercors, parce qu’un petit flux de sud est annoncé, parce qu’un développement orageux est prévu et qu’on se dit qu’une face Est est préférable… Voler tôt et poser tôt… La météo annonce de la pluie vers 14h, nous serons soit loin soit posés…
Ah, optimisme quand tu nous tiens…
A 8h30, le ciel est tout dégagé. A peine un petit cumulus qui commence à se former au dessus du décollage…
Romain, Julien, Pascal et Rico arrivent de Lyon… Le temps de faire la route... Les nuages prennent de l’ampleur… Mais bon, nous voici à moins de 11h au décollage…
Et là, petit temps d’arrêt collectif. Les cycles thermiques sont bien présents, la couverture nuageuse est importante, on voit les cumulus grossir à vue d’œil… Devant, derrière… Franck décide d’aller sur la crête pour observer les nuages vers les Deux Sœurs. Je déplie, comme Rico et Julien. En moins de 15 minutes, ça devient un peu noir… Puis une goutte, deux gouttes, trois gouttes… Bon, ok, on replie !!!
Si les prévisions météo du matin étaient effectivement moins optimistes (pluie un peu plus précoce), là, c’est encore plus tôt !
Dommage… Mauvais choix…
On choisit de se replier en face ouest sur les avant-reliefs… Même s’il y a un peu de route, départ vers le Sapenay, en passant à l’atterro de Lumbin pour voir ce que ça donne… S’il y a des voiles en l’air, le développement nuageux est conséquent. Sur la Chartreuse, sur Belledonne, naturellement sur le Vercors… Nous continuons notre chemin… D’ailleurs, juste au Touvet, nous avons de la pluie…
A 16h, nous sommes tous les 6 au décollage du Sapenay. Bonne brise de face, de bons cumulus, deux cellules orageuses mais plus loin. Le ciel semble plus accueillant et nous redonne le sourire. En l’air, la masse d’air est généreuse, les thermiques larges et doux. Je vois néanmoins Franck partir en plaine. Interrogation… « Je regarde si ça descend quelque part ». Il m’impressionnera toujours par sa capacité à être prudent dans les conditions aérologiques moins favorables pour notre activité. Il a raison. 1000 fois. Ca tient bien, même loin du relief. Ca descend aussi… On fait un petit tour au Belvédère, puis retour vers le décollage… Rico est un peu plus au Nord, je m’y engage suivie de Julien. Pascal, Romain et Franck choisissent de poser. J’avance un peu… Je vois la cellule orageuse un peu plus noire au loin… Pas vraiment téméraire… Jusqu’à quand peut-on vraiment voler dans ces conditions sans se faire surprendre par le coup de vent avant orage ou la pluie ? Je m’interroge sur le pourquoi je vole… Je suis dans une phase de travail mental, de sécurisation et de prise de plaisir. Là, les conditions météo ne s’y prêtent pas. Je ne suis pas frustrée de vol en ce moment. Il y aura d’autres belles journées… Je fais demi-tour, et décide d’aller poser après une bonne heure en l’air… Rico fait le même choix. Il faut aller loin vers le Rhône pour trouver des descendances. Ce n’est même pas très agréable en l’air. Je ne comprends pas tout… Tendance nord-ouest à l’atterro… Julien est allé faire un « petit tour » vers le Nord, comme annoncé à la radio et nous rejoindra avec le sourire plus tard.
Vers 18h30, nous sommes tous les 6 à Chindrieux, malgré tout contents d’avoir volé…
Sourires collectifs et retour à Lyon…
Tout ça pour ça… Peut-être…
Mais j’apprends, encore et toujours.
J’ai apprécié la capacité collective et individuelle de savoir renoncer, de ne pas se plaindre, de savoir gérer le biais cognitif des coûts irrécupérables. Pour sa sécurité et son plaisir de voler. Ce qui est « mon essentiel ».
Merci à mes compagnons du jour, que je n’avais pas revus depuis longtemps pour certains !
Le Serpaton nous attend pour la prochaine fois !
Hélène