Col du Fer

Nous sommes au mois d’avril et cette période du printemps est propice aux vols de distance. Mais cette année les bonnes journées pour sortir le chiffon et déclarer sont rares.
Ce mercredi est la seule journée de la semaine pour espérer faire un vol CFD, malgré les développements orageux annoncés dès la mi-journée.

 

Finalement nous sommes 4 pilotes de Tassin Parapente au RDV de l’atterrissage de Marlens : Robert, Rico et les deux Franck. Nous décidons de décoller du col du Fer pour éviter les décollages encombrés par les innombrables pilotes au RDV du jour. Petite marche d’approche de 20mn dans une pente significative avec un sac de plus de 18kg. C’est visiblement éprouvant pour les 4 vétérans.

La prairie du décollage est encore à plus de 1450m partiellement enneigée sous les arbres et bien boueuse mais idéalement située pour rejoindre l’arrête sommitale du mont Charvet pour notre point de départ.

Nous rappelons qu’il faudra rester vigilant à l’aérologie en vol. Préparation des pilotes et du matériel au sol, tests radio, assistances et contrôles mutuels des décollages pour rassurer les acteurs. Faire du vol de distance en groupe apporte sécurité, sérénité et facilite grandement la récupération des pilotes après le vol.
Nous décollons progressivement par ordre d’arrivée sur cet air d’envol. Une voile décolle bien au dessus de nous et avant nous sur le même versant, nous supposons que c’est Gaël.

Dès le décollage, nous planons à finesse max pour contourner le plus haut possible le relief afin de basculer en face Est. Il faut ensuite malgré beaucoup de voiles présentes serrer le rocher et trouver rapidement le thermique qui va nous extraire pour atteindre une altitude suffisante pour effectuer la première transition, aujourd’hui 2100m.

 

Ce premier obstacle franchi, il faut cheminer le long des reliefs en direction de l’Arclusaz. Bénéficier d’une prise de gain à chaque thermique traversé, et faire un plein avant chaque transition. Les conditions du jour sont généreuses et rapidement nous chevauchons à califourchon les crêtes. En arrivant sur le massif de l’Arclusaz, les développements nuageux ont pris beaucoup d’ampleur et ils passent à l’ombre la plupart des sommets. Mais les vallées sont au soleil et la convection reste intense.

 

Transition sur Monlambert, long glide pour atteindre son relief et recherche immédiate des thermiques pour quitter rapidement ses faces Est. C’est la première partie désagréable du parcours. Les thermiques teigneux balayés par la brise intermittente offre un cocktail désagréable et dangereux. La voile monte et retombe immédiatement de la bulle thermique traversée sans que j’ose l’enrouler. Je suis très proche des arbres, je suis conscient que la moindre erreur de pilotage et c’est la canopée qui m’accueille. Personnellement je serre les fesses, je cherche l’espace où je trouverai le thermique docile, gentil, mais significatif pour prendre du gaz pour quitter au plus vite ces basses couches.
Tout est à l’ombre des cumulus et pourtant ça bastonne. Avec prospection et patience j’arrive enfin à trouver le chemin de la sortie. Avec l’altitude, le thermique s’organise et il devient fréquentable voir amical. J’en profite et je remonte au plaf avec jouissance et gourmandise, en prime je savoure le paysage qui s’offre à moi. C’est pour ces moments magiques et uniques que je pratique cette activité. Mélange d’adrénaline, de peur, de technique, d’expérience du vol et lutte et connivence avec les éléments de ‘’Dame Nature’’.

 

Un point de situation s’impose pour décider de la suite du parcours. Jusqu’à présent Franck Gacogne annonçait par message régulier sa position de vol. C’est très utile pour les autres pilotes du groupe de connaître ces informations. Motivation, sécurité, repère d’altitude, vitesse de cheminement. C’est une convention que nous avons instauré à chaque vol de groupe. De même si un pilote se pose prématurément, il renseigne sur sa position et rassure le groupe sur la qualité de son atterrissage.
A ce moment du vol, ne sachant plus quelle option notre leader avait opté, je fais un topo météo. J’observe les développements verticaux sur le massif des Bauges et ceux de la Chartreuse, ils ont la même intensité mais le dégagement en plaine sera plus aisé si nécessaire coté vallée du Grésivaudan. Il est tôt et la poursuite du vol sur les faces Est des reliefs est encore possible. Le petit flux de Nord-Ouest va m’aider à rejoindre les reliefs de Chapareillan. Et puis je désire rallier St Hilaire en volant depuis les Bauges. Objectif Grenoble et le contournement du Rachais. Je peaufine ma position dans ma sellette et me voilà parti pour une transition premier barreau de plus de 15km. Je ne bouge plus pour optimiser mon CX, je contrôle ma finesse. Finalement j’atteins facilement avec succès le premier relief et avec bonheur je retrouve les thermiques connus de St Marcel, un parcours déjà mainte fois survolé. C’est du basique jusqu’à St Hilaire.

Cependant en quittant la Savoyarde comme pour me saluer un cumulus congestus disperse du grésil qui rebondit sur mon coverlegs et les paillettes décorent mes lunettes. J’accélère pour rejoindre le soleil et fuir cette situation particulière. En arrivant sur les reliefs Est de Chartreuse les débordements nuageux agrémentent les espaces de rideaux de pluie c’est plutôt beau à voir mais inquiétant en volant en parapente. Je vole vite pour atteindre St Hilaire, mais à la Combe du Manival l’ombre stoppe ma progression et la pluie me rend raison. Je rentre et pose à l’atterrissage officiel de Lumbin.

Robert à la gentillesse de faire la récupération de Rico et de ma pomme avec mon véhicule. Frère Gacogne qui a tourné le Granier est rentré en volant pour boucler Marlens en champion comme d’habitude. Je le récupère pour faire la rotation du véhicule de Robert. Il est plus de 17h30 et Gaël est toujours en vol dans Belledonne.

 

Une belle journée de vol tonique, des sites nouveaux, des sensations intenses avec des amis pilotes, l’essai d’une nouvelle voile, des souvenirs en pagaille…
A très bientôt pour de nouvelles aventures.

 

Franck

 

Et pour voir les décollages de Rico et de Franck D